Marcel Gimond (27 avril 1894 – 13 octobre 1961) dirigea un des ateliers de sculpture de l'école des beaux-arts de Paris, surnommé « l'atelier Gimond » entre 1946 et 1961. Il est l'auteur de Flore, l'une des huit sculptures dorées qui bordent les deux ailes du Palais de Chaillot sur la terrasse supérieure (nommée Parvis des droits de l'Homme). Homme de culture et d'engagement, Gimond puisait son inspiration dans l'antiquité grecque et égyptienne, dans la sculpture médiévale comme dans l'art khmer, chinois, aztèque ou africain.
Voici l'extrait d'un article signé Robert Rey paru dans La Montagne sous le titre « La forme et l'âme » le 19 octobre 1961, à la suite du décès de Gimond :
« Notre pays subit une perte pour longtemps irréparable. Marcel Gimond vient de mourir. Il avait soixante-sept ans. Il était né dans la rugueuse Ardèche [...] Gimond en gardait le caractère comme rocailleux, inapte aux concessions accommodantes propres aux gens des plaines. Il avait longtemps étudié la sculpture à Lyon [...] Bientôt il s'était imposé par la grande qualité de ses travaux. Et depuis la mort de Maillol et de Despiau, il représentait la sculpture française en ce qu'elle a de plus noble. Quiconque l'a connu reverra souvent, aux heures de recueillement, son visage de Christ flamand du XVe siècle, qu'une blessure congénitale balafrait sans en altérer la pathétique beauté. [...]
Bien qu'il ne l'eût pas sollicitée, une gloire devenue mondiale s'attachait à son oeuvre, à son nom, sans qu'il déviât de l'austérité quasi monastique de sa vie, emplie par la passion. Quel parvenu de ce monde n'eût payé n'importe quel prix pour "avoir son buste par Gimond". Il n'y prenait pas garde. Sa volupté, c'était de travailler longuement au buste d'un ami, d'un de ses élèves de l'École des beaux-arts, pauvre mais dont la personnalité l'intéressait. Et puis le fondeur en tirait un bronze dont Gimond faisait cadeau au modèle. [...] Gimond demeurera pour jamais un grand maître du portrait. »*
* René Alberlenc, biographie chronologique (4e partie, 1961-1966) par Pierre-Henri Alberlenc.
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