Fermé au printemps 2017, le musée-jardin Paul Landowski était un endroit atypique constitué d'un jardin de huit cents mètres carrés entouré d'immeubles résidentiels, d'une entrée qui ressemblait à une bouche de métro et de deux salles souterraines. En tout, une centaine de sculptures y étaient exposées. Le musée avait été édifié à l'emplacement exact de la maison-atelier du sculpteur à Boulogne-Billancourt (photo ci-dessous). En 2010, lors de ma visite, rien ne subsistait de l'ancienne bâtisse et des cinq ateliers attenants. Il fallait donc faire un gros effort d'imagination pour tenter de ressentir l'atmosphère du lieu, à l'époque où Paul Landowski (1875-1961) était « la star » de la sculpture officielle française, à la fin de la IIIe République.
Dans le livre Paul Landowski, la pierre d'éternité (Somogy, Éditions d'art, 2004), Françoise Landowski-Caillet, sa fille, décrit avec précision cet endroit plein de vie où se côtoyaient son épouse, ses quatre enfants, la gouvernante, la lingère, la cuisinière, le jardinier, et d'autre part trois ou quatre praticiens, plusieurs élèves et des modèles vivants (trois séances de pose chaque jour). Il y avait donc près de vingt personnes présentes quotidiennement, sans compter tous les visiteurs ponctuels. Une véritable ruche !
Landowski était à l'œuvre six jours par semaine. Même lors de ses repos, il continuait, soucieux, à réfléchir aux projets en cours : le besoin d'argent (il fallait bien nourrir et payer tout ce petit monde) lui faisait accepter de trop nombreuses commandes. Dans la période de l'entre-deux-guerres, il réalisa en tout vingt-deux monuments aux morts ! Cet amoureux de littérature, de philosophie... et de boxe, fut sans cesse confronté aux exigences des commanditaires, aux délais de livraison, aux problèmes de trésorerie et d'organisation du travail. Le sculpteur du Christ rédempteur de Rio de Janeiro fut incontestablement un artiste talentueux et prolifique, mais également un entrepreneur courageux, fiable et efficace.
Un nouveau musée Landowski a vu le jour en septembre 2017, sous la forme d'un espace dédié au sein du Musée des années 30 à Boulogne-Billancourt.
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