Bartholdi sculpte la Liberté
- Alain Verstichel
- 26 juin
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 juil.
Frédéric Auguste Bartholdi, né à Colmar le 2 août 1834, est le plus célèbre sculpteur académique français de la seconde moitié du XIXe siècle. Formé aux Beaux-Arts de Paris en architecture et peinture, il fréquente les ateliers des sculpteurs Antoine Étex et Jean-François Soitoux. Son nom reste à jamais associé à La Liberté éclairant le monde, icône universelle.


Inspiration égyptienne
En 1856, à 22 ans, Bartholdi découvre l’Égypte. Fasciné par ses monuments, il rêve d’une statue-phare colossale pour l’entrée du canal de Suez. En 1869, il en soumet l’esquisse au vice-roi d’Égypte, qui la rejette. Cette ambition avortée inspirera La Liberté éclairant le monde, que Bartholdi décrira comme une renaissance de l’œuvre égyptienne.
Engagement dans la guerre
Lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, Auguste Bartholdi s’engage. Il sera tour à tour chef d’escadron, aide de camp de Garibaldi – venu soutenir les forces françaises – et agent de liaison. Dans cette période troublée, il rejoint la franc-maçonnerie, intégrant la loge Alsace-Lorraine, symbole de ses idéaux de liberté face à l’annexion de l’Alsace.
Projet transatlantique
En 1871, mandaté par l’Union franco-américaine, Bartholdi propose au président Grant l’édification d’une statue monumentale sur l’île de Bedloe, à New York, pour célébrer l’amitié franco-américaine et le centenaire de l’indépendance de 1876. Soutenu par Grant, le projet fera cependant face à de nombreux obstacles.
Présentée comme un don français, la statue de la Liberté repose en réalité sur un effort binational : 125 000 dollars collectés en France pour la statue, autant aux États-Unis pour le piédestal. La collecte, ardue, s’appuie sur une vaste campagne : presse, spectacles, loteries. Pour stimuler les dons, la main de la statue est exposée à l’exposition universelle de Philadelphie en 1876, sa tête à celle de Paris en 1878. Les défis financiers et techniques repoussent l’achèvement au-delà du centenaire.

Prouesse technique
Conçue tout d’abord par Viollet-le-Duc, la structure est reprise par Gustave Eiffel et l'ingénieur Maurice Koechlin, après la maladie du premier. Koechlin, bras droit d’Eiffel joue un rôle clé dans l’élaboration du squelette métallique. La statue, agrandie à partir du modèle initial, est construite par sections : des plâtres de chaque partie, réalisés au format définitif, servent à façonner des plaques de cuivre repoussé, qui sont ensuite assemblées par boulonnage pour former la « peau » de l’œuvre.
En 1884, la sculpture s’élève rue de Chazelles, à Paris, sur un terrain de 3 000 m² loué par la fonderie Gaget-Gauthier. Haute de 46 mètres, pesant 254 tonnes, elle attire des curieux et des personnalités telles que Victor Hugo. Démontée, elle est expédiée en train vers Rouen, puis traverse l’Atlantique à bord de l’Isère, frégate de la Marine française. 26 jours plus tard, le 22 juin 1885, le navire arrive dans la baie de New York, dans une atmosphère triomphale.
La statue de la Liberté est officiellement inaugurée le 28 octobre 1886.
Symbole universel
Projet pharaonique, La Liberté éclairant le monde incarne l’excellence du savoir-faire français en art, métallurgie et ingénierie. Symbole intemporel de liberté et d’amitié entre les peuples, elle continue d’inspirer des millions de visiteurs.
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